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Gallant

aux éditions Lumen

« Au-dessus de la tête de la jeune fille, le crépuscule s’est évanoui, le ciel est désormais d’un noir d’encre. Ni lune ni étoiles. Malgré tout, il n’est pas vide. Non, on dirait un lac, une vaste étendue d’eau sombre. Le jour d’obscurité qui trompe l’œil, qui fait voir des choses là où il n’y a rien et en rater d’autres qui sont bien présentes. Le genre de ténèbres qui habitent des endroits qu’il vaudrait mieux ne pas regarder, de peur d’apercevoir des yeux qui vous épient. »

L’esthétique du livre est remarquable, tandis que les illustrations dessinées au crayon noir, pleines de mystère, rehaussent la dimension poétique du journal intime.

Gallant est un conte gothique, mystérieux et étrange. Le manoir habite le cœur central de l’histoire comme une entité vivante. À la manière des contes macabres d’Edgar Allan Poe, les différents protagonistes valsent constamment avec le spectre de la mort. Olivia Prior, jeune orpheline en quête d’une famille, m’a doucement entraîné dans son univers silencieux, mais vibrant. L’histoire est douce, belle et triste. L’autrice nous raconte cette œuvre avec une grande émotion et une part de suspense. La prose s’avère introspective, l’expression rayonne de poésie et de métaphore sans que cela devienne horrifique. En revanche, j’ai souvent eu l’impression de déambuler dans le manoir, sans jamais vraiment progresser dans l’histoire, laissant un parfum inachevé.

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Noblesse Oblige

aux Éditions Slalom

« Voilà comment on endort un peuple. Chaque année, on fait miroiter une forme d’ascension sociale à quelques jeunes roturières, la perspective d’un beau mariage, d’un nom, du confort matériel. Chacun peut imaginer sa fille, sa nièce, sa sœur dans cette femme anonyme. S’ils ont un garçon, il peuvent le penser susceptible d’obtenir un titre et des terres en se distinguant au sein de l’armée dans l’émission u nom du Roy, diffusée chaque hiver. Voilà ce qui les pousse à accepter une vie de misère et une après-midi de libre par semaine : l’infime espoir que leurs enfants pourront améliorer leur condition. »

L’œuvre de Maiwenn Alix, à travers le prisme de la téléréalité, peint une société uchronique et une quête effrénée dans un monde bien plus sinistre qu’il n’y paraît. Ce livre m’a envoûté et s’inscrit dans ma liste de lectures préférées pour cette année. Le récit est fascinant, extraordinaire, provocant et impossible à lâcher.  En raison de contenus violents et sexuels explicites, ce roman est réservé à un public averti. 

J’ai pris plaisir à suivre le parcours de Gabrielle dans un jeu aux apparences trompeuses. Le style littéraire est magnétique et fluide. Le développement du récit est subtil et parfaitement agencé. La tension s’intensifie progressivement, l’intrigue se densifie jusqu’à une apothéose horrifique. Ce récit est un savant amalgame entre une enquête, des complots politiques et une manipulation médiatique. Gabrielle incarne une héroïne intelligente, audacieuse et détonne par rapport aux stéréotypes traditionnels. J’espère vraiment une suite, car la fin soulève de nombreuses questions.

Et vous, laisserez-vous tenter par une exploration du château de Versailles et de ses secrets enfouis !

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Le passage

aux éditions Pocket

Un livre que j’ai dévoré malgré les 1265 pages…

« Je l’ai regardé bien en face et jamais je n’oublierai ses yeux. C’étaient les yeux de quelqu’un qui sait qu’il pourrait aussi bien être mort. Quand vous avez ce regard-là, vous n’êtes ni jeune ni vieux, ni noir ni blanc, vous n’êtes même pas un homme ou une femme. Vous êtes au-delà de tout ça. »

 Publié en 2011, ce livre offre une immersion complexe dans un univers apocalyptique riche et fascinant, naviguant à travers différents genres. Ici, il n’est pas question de zombies mais ils cèdent la place aux vampires, à une pandémie mondiale, et de modifications génétique. Je ne vais pas être objective. J’ai adoré ce premier tome. C’est un pur chef d’œuvre, une merveille contemporaine, un ovni littéraire qu’on peut facilement se méprendre à lire du Stephen King. L’auteur brosse des portraits détaillés de chaque personnage, leur conférant une réelle substance et une profondeur psychologique.

L’histoire s’articule sur trois arcs narratifs. Tout commence à notre époque ou des agents du FBI recrutent des condamnées à mort pour un projet dont ils ignorent les aboutissants, celle d’un groupe de scientifiques ayant disparu, et celle d’une petite fille au destin singulier. La trame  se tisse avec adresse, mêlant habilement suspense, action et révélations inattendues. Les différents fils narratifs se rejoignent avec une précision remarquable, offrant au lecteur une expérience immersive et palpitante. Tel un horloger, l’écriture est précise, méthodique, tout est à sa place.  Le décor est de ceux à la Mad Max. Ce livre aborde des thématiques comme la peur, la maladie, des questions d’éthique, la vie en communauté. Je ne peux que vous conseiller ce livre si vous aimé les gros pavés. Cette trilogie est une de mes préférées, j’ai dévoré les 3 tomes en à peine 1 mois. 

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Anima de Mary Sara

« Destin et libre arbitre sont les fils d’une toile complexe, dont il ne faut pas se targuer de dire que l’on peut les maîtriser ou même les comprendre. »



« Boucles d’Oreilles en Argent inspirées du livre« 

« Collier en Argent 925 inspiré de Sorhia, la reine de Ryatil« 

Avec une imagination débordante, Mary Sara manie la plume avec fluidité et charme, dépeignant des lieux de manière à les rendre presque tangibles. Anima explore une quête intérieure, un cheminement initiatique aux résonances spirituelles à la recherche de sa moitié d’âme. Après avoir eu le privilège de lire la première édition, il est évident que Mary Sara a amélioré son texte de manière remarquable, offrant des personnages d’une profondeur et d’une complexité accrues. J’ai apprécié redécouvrir ses nombreux personnages et ses créatures fascinantes, et me lancer une fois de plus dans l’aventure à la recherche de leur anima pour rétablir l’harmonie de leur univers. En raison de la complexité de la quête, ils seront aidés par Lekhal, un élu déchu. Le chemin sera dangereux, et la jeunesse des enfants constituera un défi supplémentaire. Une tension palpable se développe au fil des pages, cependant, ce tome initial se concentre surtout sur l’introduction des personnages et la mise en place de l’intrigue.

Pour conclure, ce livre diffuse une poésie certaine, presque onirique, tissant une atmosphère enchanteresse, mais je pense que la suite nous réserve une intrigue plus obscure, et bien plus complexe.

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Les royaumes oubliés


Ce livre collector de chez Bragelonne comprend quelques illustrations et les tomes suivants : 

 1 : Terre natale 

 2 : Terre d’exil

 3 : Terre promise 

« Perdre c’est mourir.

« Tu peux gagner un millier de combats, mais n’en perdras jamais qu’un ! »

Si vous recherchez une aventure de fantasy épique, vous êtes au bon endroit !  Cette trilogie est un joyau de la littérature fantasy. Terre Natale est un tome d’introduction  qui illustre les commencements de Drizzt, de sa naissance à son passage à l’âge adulte dans un monde où la loi est celle du plus fort. Nous découvrons l’Outreterre, les Drows et la cité souterraine de Menzoberranzan, ses modes de vie et ses maisons, au cœur d’une société matriarcale.

 Le premier opus expose toute la noirceur intrinsèque de la société Drow, où les frères poignardent leurs frères, les mères sacrifient leurs fils, et les elfes noirs assassinent toutes les créatures qu’ils croisent, faisant du meurtre un art à condition de ne pas être pris, et où tuer est nécessaire pour survivre. Ce livre dévoile la perversion sociétale, la transition de la naïveté de Drizzt en froide désillusion, et un elfe noir hors du commun plaçant l’amitié au-dessus de tout autre chose.

 L’univers est si bien construit que l’on vit les émotions de Drizzt, vibrant à ses côtés et partageant ses espoirs. La prose coule naturellement, captivante et envoûtante. L’auteur nous tient en haleine grâce à une parfaite alchimie entre action et sensibilité. En résumé, cette trilogie surpasse toutes celles que j’ai lues jusqu’à maintenant.

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La magie de l’écriture

La magie de l’écriture

Comment j’écris un livre ? Combien j’ai de carnets, de calepins, de cahiers ? Est-ce que j’écris la nuit ? Comment j’appréhende mes personnages ? Est-ce que j’aime les faire souffrir ? Est-ce que j’aime les fins cruelles ? Comment me vient l’inspiration ? Est ce que je carbure au café ? Je vous dis tout…

Chrysalide


Ma passion pour l’écriture a débuté quand j’étais à l’internat à Morteau ( Vous comprendrez pourquoi cette ville est si chère à mon cœur, c’est là que tout a commencé !!!) pendant mes longues heures d’études. J’avais trop peu de devoirs à faire à part mes gouachés de bijoux à réaliser, il fallait bien que je m’occupe l’esprit. Pour passer le temps, je me suis mise à écrire des poèmes.

Je ne dis pas que ma manière d’écrire est bien ou mauvaise, chacun ses méthodes ! Je suis ici pour vous partager mon processus et ma progression, libre à chacun de faire comme il le souhaite !

L’exploration, les idées : La matière


Je vais prendre exemple avec Ombrechêne, les « Chroniques d’une jeune elfe guerrière ». Je me suis lancée dans l’aventure sans savoir vraiment ou j’allais. A l’époque, j’étais dans une période un peu floue de ma vie, je venais de tout quitter pour revenir vivre en Normandie, ma région de naissance. Passons ce léger détail sans importance mais c’est ce qui m’a permis de me jeter à corps perdu dans l’écriture de ma trilogie. C’était comme un cri, un appel du cœur, une évidence. Il fallait que j’extériorise mes vieux démons.

Pour tout vous dire, je suis fleuriste, je sème les mots et les phrases comme on plante des fleurs dans un jardin. Je ne suis aucun plan d’écriture, j’écris à l’instinct, comme cela me vient, je vis l’histoire à travers mes personnages, et de mes émotions à l’instant T. Je pars d’une idée, d’un vécu et je laisse venir l’inspiration. De là naissent mes personnages principaux, des scénettes que je m’empresse de noter. Je me suis aperçu pendant l’écriture d’Ombrechêne que toutes mes histoires se reliaient les unes aux autres comme si inconsciemment tout était là depuis toujours. Pour moi, Ombrechêne a été une révélation dans le sens que j’écrivais des choses avant qu’elles ne se produisent dans la vraie vie. (Plutôt étonnant, me direz-vous !) La rencontre de mon héroïne avec certains des personnages de mon roman ont été une véritable révélation dans ma vie réelle. Suis-je voyante ? (Non je ne pense pas). Ce qui est certain, mon fil conducteur provient de mes rêves auxquelles je suis connectée depuis l’age de mes 12 ans mais que j’ai pris conscience quelques années plus tard ! (Je tairais le nom de la ville car je me répéterais si vous voyez ce que je veux dire !!! Oui, oui, j’ai une connexion avec le Haut-Doubs que je n’arrive pas à expliquer ! ) Mes songes m’envoient régulièrement des messages, des images et m’aident à l’écriture. (Comment ? je ne sais pas ! C’est un grand mystère !) Par exemple dans Ombrechêne, la bague Rin’ Ancalië que possède Lírîel est apparu dans mes rêves ! Je ferais un article à ce sujet sur les différents rêves qui m’ont amené à arpenter les sentiers de l’écriture.

Pour en revenir au sujet de départ, je pars du principe que le personnage principal doit grandir et arriver à une certaine maturité à la fin de l’histoire. Il faut qu’il traverse un certain nombre d’obstacles, d’émotions.( Sinon ce ne serait pas drôle !) Je confirme que j’aime bien jouer avec mes personnages, les torturer, parfois même un peu trop ! Peut-être est ce ma sensibilité accrue qui prend le dessus pour extérioriser mes émotions ? En tout cas, mes personnages ont parfois besoin d’un temps de repos pour trouver le vrai chemin.

En commençant, Ombrechêne, je savais déjà le nombre exact de mes personnages, le rôle qu’ils joueraient, tout était déjà prédéfini dans ma tête. Parfois certains sortent du cadre, et ils m’emmènent dans les frontières imprévisibles de mon inconscient. Et là, je vous avouerais que c’est la partie que je préfère dans l’écriture : l’improvisation. Je m’amuse avec mes personnages, je ne leur laisse aucun répit. J’ai toujours un bloc note que je traîne partout , j’ai des phrases, des mots qui me viennent à l’esprit à tout moment. En règle générale, j’ai déjà le nom de mon chapitre avant d’entamer l’écriture, je sais déjà sur quel thème je vais travailler et quels personnages seront présent lors de ma séance !

L’écriture, c’est une aventure fabuleuse qui nous pousse toujours vers l’avant, à sortir le meilleur de nous !

Alors oui, des tiroirs entiers sont remplies de calepins, de bloc notes, des cahiers, de feuilles volantes ! C’est un bazar sans nom, mais c’est rangé. (Je suis maniaque, un peu trop parfois ! ). La musique instrumentale est primordiale pour écrire, selon l’ambiance dans lequel se situe mon histoire : Nox Arcana, Amethystium, Adrian Von Ziegler, Peter Gundry, Clann, des bandes originales de films en tout genre. Je m’enferme dans mon atelier et je laisse entrer toutes les émotions, j’allume une bougie, je peux écrire 3 heures d’affilées si je ne suis pas dérangée. Accompagnée de ma tasse de thé et de ma bouteille au sirop de sapin (juste divin), je suis déconnectée du monde et seule avec moi-même, mon histoire, et mes personnages. Dès lors, mon téléphone est coupé.

Écriture, relecture : Le Sertissage, polissage

Ombrechêne, a été écrit en trois fois. Le premier jet comprenait toute la base et l’intrigue de fond, l’univers, l’ambiance. Le second jet reprenait toutes les incohérences, les développements des personnages. Le troisième jet, l’histoire a été creusée pour donner plus d’épaisseur et de relief . Pour que tout soit bien claire, j’ai réalisé un arbre généalogique, une chronologie, un index pour mes personnages, une carte, qui selon moi est indispensable pour se repérer.

Ensuite vient une relecture et la réécriture où je peux bien rajouter 20 à 30 000 mots. Il faut que j’avoue que j’ai un gros souci du détail. Je suis un peu comme un joaillier qui cherche la perfection à la réalisation de son ouvrage, je peux mettre des heures et des jours sur le même chapitre à trouver le bon mot, la tournure de phrase. J’ai mis 8 ans pour écrire Ombrechêne, mais pour ma défense, j’ai bien été 3 ans sans écrire, ayant une activité à coté. ( on lance les paris pour la sortie du prochain livre ! Combien d’années selon vous?!)

L’âme poète, toutes mes phrases ont été ciselées pour ajouter une dimension contemplative et onirique. Par contre, mon texte doit être lisible et aéré. Ma mise en page est une de mes priorités. Plusieurs relectures sont nécessaires pour alléger les adverbes, enlever les répétitions, et reformuler certaines phrases qui peuvent paraître lourdes de sens. Pour la correction, j’ai fais appel à différentes personnes, amis et connaissances. Il faut savoir qu’Ombrechêne a failli être édité par une maison d’édition scrupuleuse en 2017, à qui je n’ai jamais donné suite. A l’époque Ombrechêne aurait du être édité avec 200 pages sous le nom « Ombrelune ». Aujourd’hui, les « Chroniques d’une jeune elfe guerrière » ont été réécrite dans son intégralité et totalise 428 pages index inclus, prêt à être édité par l’imprimerie CORLET en Normandie, sous ma propre maison d’édition : Ombrefée éditions.

Pour les Mydrihades, le travail s’est avéré différent. J’ai établi un squelette de récit et je sais d’avance la direction que prendra l’histoire et quelles thématiques seront abordées, comprenant les embûches, les événements cruciaux, qui seront déterminants ! Même si je ne suis pas exactement la trame exacte de mon récit, les chapitres sont structurés. Ce principe m’a fait gagné en rapidité. Bon, j’avoue que sur ce coup là, la tournure des événements est différente de mon idée de départ.

Et pour finir, est-ce que j’aime les fins cruelles ? Je ne suis pas une lectrice qui aime les fins heureuses. Étant donné que je suis un peu torturée d’esprit, mes personnages peuvent connaître un destin tragique. Vous le découvrirez bien assez tôt en lisant Ombrechêne !

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Osukateï

Osukateï, L’Âme de l’Arbre-Mère,

de Geoffrey Legrand aux Editions d’Utoh

« – Tous les démons sont doués d’intelligence et parfois de paroles compréhensibles par les humains. Il y en a des solitaires, d’autres sociables et très hiérarchisés. Certains haïssent l’Arbre-Mère, la plupart la considèrent en égale, rare sont ceux à la défendre. Tous se méfient des hommes.
-Pourquoi?
Il s’amusa de ma question, je le soupçonne presque de l’avoir attendue. Il me regarda avec cet air malicieux du chenapan heureux de son tour.
– Nous sommes leurs rivaux. L’homme est sans doute le plus terrible des démons »

Résumé

J’ignore comment les historiens futurs me jugeront. Me verront-ils comme un despote, un tyran sanguinaire, une folle qui renversa le monde ? Ou bien mes actes auront-ils une telle portée qu’ils rachèteront mes crimes à eux-seuls ? Une chose est certaine, mon nom est gravé si profondément dans le bois de la déesse qu’une éternité serait insuffisante pour l’en effacer.
Fille de Seigneur, Luwise Sofunada est éduquée pour succéder à son père. En ce monde pourtant, nul pouvoir n’est héréditaire. Okateï, l’Arbre-Mère qui couvre la terre, désigne ceux qui auront la charge de protéger ses bourgeons. Luwise doit apprendre les devoirs d’une reine et mériter la confiance de la déesse pour hériter du trône.
Mais désire-t-elle réellement cette responsabilité ? Alors que son entourage la pousse dans cette voie, les questions se bousculent. Ses doutes atteignent leur paroxysme lorsque se révèle une connexion particulière avec la déesse. Un don que certains considèrent de mauvais augure.
Les jeunes années de Luwise Sofunada oscillent entre innocence et tragédie, aventure et conspiration. Ce roman d’apprentissage vous emmènera le long des Branches de l’Arbre-Mère, dans les tréfonds de la déesse Plante, à la recherche de l’âme humaine.

Avis


Osukateï nous transporte dans un royaume dans lequel la poésie rencontre la spiritualité, une quête du sens de la vie. La nature, à la fois omniprésente et génératrice, impose ses propres lois. La prose de l’auteur nous transporte dans le cœur sylvestre où la canopée s’étend avec magnificence. Les couleurs vibrantes donnent l’impression de marcher dans un paysage de Hayao Miyazaki. L’arbre mère choisit les seigneurs de la branche. Luwise se distingue par la manière dont elle évolue en surmontant les défis liés à l’arbre mère. Promise à un grand destin et fille de seigneur, nous la suivons de sa tendre enfance jusqu’à ce qu’elle soit appelé à régner. À travers l’éducation qu’elle recevra, elle se confrontera à la vie : Le deuil, l’abandon, trahisons, mais sa singularité lui donnera une force exemplaire. Le lien qui l’unit à la déesse symbolise l’aube d’une nouvelle ère. L’auteur a orchestré un cadre narratif riche, peuplé de personnages divers et de créatures surprenantes, avec des enjeux diplomatiques en toile de fond.

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Le Sang des Parangons

Le Sang des Parangons, de Pierre Grimbert,

aux éditions Mnémos

– Vous parliez d’un malaise dans ces couloirs. Si c’est la même chose qui donne force à mes visions, si vous les ressentez aussi, ça ne peut pas être qu’une histoire d’ambiance glauque, n’est-ce pas ? Il y a autre chose. J’en suis certaine.

Xack acquiesça lentement.

– Quelqu’un a un jour déclaré cette montagne « sacrée ». Il devait bien y avoir une raison.

– Et les autres parangons ? reprit-elle. Vous pensez qu’ils le ressentent aussi ?

L’arbalétrier se retourna sur la salle et ses campements improvisés. Les Urkhans et les chevaliers d’airain discutaient entre eux en s’espionnant du coin de l’œil. D’autres, neutres ou indécis, s’étaient réunis autour d’un troisième bivouac pour étaler leurs différences. Quelques solitaires tentaient de prendre du repos, comme le bonze au corps nu ou la mage des îles laiteuses. Marader faisait les cent pas devant le chemin qu’ils auraient à emprunter ensuite, en espérant toujours y voir réapparaître la duchesse d’Argent. Mais les éclaireuses n’étaient pas revenues de leur mission. Peut-être avaient-elles également dressé un campement, beaucoup plus loin. Ou peut-être pas.

– Ils le ressentent, garantit Xack. Tout le monde ici subit l’influence de cette roche maudite par des millénaires de massacres. Et plus nous allons avancer, pire ce sera.

Il plongea alors son regard dans celui de la prêtresse, ranimant les craintes qui l’habitaient.

– Préparez-vous, dès maintenant. Je le répète : toutes les batailles se gagnent d’abord dans la tête.

Résumé

Le monde des hommes est en train de s’effondrer. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d’y remédier. L’humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée. Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D’autres sont des mercenaires, des aventuriers ou des chevaliers. Il y a même des rois et des reines… Ils ne se connaissent pas, ils ont parfois des intérêts contraires, mais ils ont été réunis pour former le groupe des parangons. Une escouade d’exception dont la mission représente la dernière chance de survie de leurs peuples respectifs.Ensemble, ils vont devoir pénétrer la montagne sacrée, siège du palais souterrain des dieux. Et s’ils parviennent jusqu’aux éternels, malgré les dangers légendaires que renferme cet endroit, ils devront les convaincre de sauver leur monde agonisant. En les suppliant… ou bien en les défiant, si nécessaire. Mais combien de parangons verront leur sang versé sur le chemin, pour permettre aux autres de continuer ? En restera-t-il un seul, qui pourra prouver que l’humanité mérite vraiment d’être sauvée ?

Avis


Mon avis est en demi-teinte à cause de la lourdeur du style et de l’ambiance écrasante. L’articulation principale de l’intrigue se base sur la réflexion. Toutefois, l’histoire tirait sa force d’un personnage différent pour chaque chapitre, exposant leurs parcours, leurs analyses et les raisons qui les poussaient à être là. La montagne sacrée respire d’une énergie singulière, guidée par ses propres règles et mystères. J’observais avec fascination comment les parangons allaient surmonter les épreuves imposées par la nature, les créatures tapies dans l’ombre, et leurs propres dérives mentales. À chaque tournant du récit, l’ombre de la mort plane, teintant le texte d’une lutte pour la survie. J’ai beaucoup apprécié la complexité des personnages, de l’arrogance des uns aux prières que suscite la fragilité des autres. Par-dessus tout, cette odyssée humaine oppressante tente de saisir le divin, pourtant quelle déception face à la conclusion. J’espérais une révélation spirituelle, une interaction avec le sacré, mais le dénouement ne livre qu’un portrait désenchanté de notre société.

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L’hiver de la sorcière

L’hiver de la sorcière,

écrit par Katherine Arden

« Peut-être que nous pourrons former un pays en secret, un pays d’ombres, derrière et en dessous de celui de Dimitri. Parce qu’il devra toujours y avoir un pays pour les tchiorti, pour les sorcières et les ensorceleurs, et pour les partisans de la forêt ».

Résumé

Moscou se relève difficilement d’un terrible incendie. Le grand-prince est fou de rage et les habitants exigent des explications. Ils cherchent, surtout, quelqu’un sur qui rejeter la faute. Vassia, avec ses étranges pouvoirs, fait une coupable idéale. Parviendra-t-elle à échapper à la fureur populaire, aiguillonnée par père Konstantin? Saura-t-elle prévenir les conflits qui s’annoncent? Arrivera-t-elle à réconcilier le monde des humains et celui des créatures magiques? Les défis qui attendent la jeune fille sont nombreux, d’autant qu’une autre menace, bien plus inquiétante, se profile aux frontières de la Rus’.

Avis


L’hiver de la sorcière est un entrelacs de passion et de colère, de peur et d’espoir fragile J’ai été emporté dans l’histoire comme le courant de la rivière jusqu’à la dernière ligne. J’ai adoré plonger dans la Russie Médiévale, découvrir les esprits du Folklore mélangée à une trame historique et une touche de poésie. Le conte est omniprésent dans ce tome : les chevaux qui deviennent oiseaux, la minuit qui devient un lieu, un fabuleux champignon qui prend part à la sauvegarde de la Russie. Vassia gagne en maturité et s’affirme tant elle se sent impliquée par les événements. Elle n’hésite pas risquer sa vie pour sauver ce qu’elle aime. On tremble à ses côtés mais chacune des situations la rend encore plus forte. Je suis passée par toutes les émotions. Entre Sacha et Soloveï, leurs relations m’ont percées le cœur. Cette lecture me laisse un grand vide tant j’ai été imprégné par les personnages, l’atmosphère. Cette collision entre le chaos et la magie, c’était violent et beau à la fois.

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La fille dans la tour

La fille dans la tour,

écrit par Katherine Arden, aux éditions Denoël

« Dans une forêt, en pleine nuit, une jeune fille chevauchait un cheval bai. La forêt n’avait pas de nom. Elle était située très loin de Moscou – très loin de tout – et l’on n’entendait que le silence de la neige et les bruissements des arbres gelés.

Il était presque minuit, cette terrifiante heure magique, dans cette nuit que menaçaient le froid, la tempête et les profondeurs d’un ciel aveugle. Et pourtant, la jeune fille et son cheval progressaient à travers les arbres, obstinément. »

Résumé

La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Mais pendant ce temps, dans les campagnes, des bandits inconnus et invisibles incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un empereur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune soeur, qu’il a quittée des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.

Avis


Contrairement au tome 1, La fille dans la tour nous fait découvrir la Moscovie médiévale, avec ses contes et légendes empruntés au folklore, basé sur des faits historiques. Dans une langue fluide et ensorcelante, l’auteure nous livre une description documentée de la russe médiévale, d’ intrigues et de rivalités politiques au moment où la Russie est un état vassal de l’état Tatare. Il est question aussi d’esprit et de dieux disparaissant peu à peu devant la puissance de la religion chrétienne. Les êtres surnaturels s’amenuisent au détriment des chrétiens qui ne croient plus en leurs existences. L’auteure nous dépeint l’existence des femmes aristocrates recluses dans leur terem, d’enjeux politiques sans que le récit soit lourd ni ennuyeux et d’héritage familial. Ce deuxième opus est une réussite et une belle découverte qui m’a beaucoup séduite. Après les événements survenus dans son village, Vassia est partie à l’aventure dans les forêts froides pour découvrir le monde. Vassia n’étant pas disposée à suivre les directives de cette société, elle se déguisera en garçon et engendra sur son passage des situations impossibles. Impétueuse et aussi fougueuse que son cheval magique, Vassia nous entraîne dans une épopée riche en rebondissement avec un rythme trépidant. Sans oublier Morozko pour qui j’ai une certaine fascination. Pour notre plus grand bonheur, le démon du gel devient un personnage complexe qu’il en est attachant.