Gallant, de V.E. Schwab
aux éditions Lumen
« Au-dessus de la tête de la jeune fille, le crépuscule s’est évanoui, le ciel est désormais d’un noir d’encre. Ni lune ni étoiles. Malgré tout, il n’est pas vide. Non, on dirait un lac, une vaste étendue d’eau sombre. Le jour d’obscurité qui trompe l’œil, qui fait voir des choses là où il n’y a rien et en rater d’autres qui sont bien présentes. Le genre de ténèbres qui habitent des endroits qu’il vaudrait mieux ne pas regarder, de peur d’apercevoir des yeux qui vous épient. »
Genre : Fantastique / Manoir / Fantômes / Famille
Résumé
Toute petite, Olivia Prior a été déposée sur les marches de l’orphelinat où elle vit désormais. Incapable de parler, elle n’en sait pas moins se faire respecter des autres pensionnaires. De sa mère, il ne lui reste plus qu’un journal intime relié de cuir, plein de dessins étranges et marqué par la folie, dont les derniers mots sont : « Tu seras à l’abri tant que tu ne t’approcheras pas de Gallant. »
Mais la jeune fille ne rêve que d’une chose : avoir, un jour, une famille. Alors, quand elle apprend que son oncle l’a enfin retrouvée et l’invite à venir vivre dans le domaine familial de Gallant, Olivia n’hésite pas une seule seconde. Sur place, elle ne trouve que deux domestiques et un cousin, Matthew – qui, de toute évidence, ne veut pas d’elle. Elle découvre surtout que son oncle est mort et enterré depuis plusieurs mois déjà… Elle remarque enfin que tous les habitants du manoir semblent éviter comme la peste le mur qui s’élève derrière la propriété, au milieu d’une nature luxuriante. Quel mal se dresse là, au fond de ce jardin niché au bout du monde ? Qu’est-il vraiment arrivé à la mère d’Olivia, toutes ces années plus tôt ?
Avis
L’esthétique du livre est remarquable, tandis que les illustrations dessinées au crayon noir, pleines de mystère, rehaussent la dimension poétique du journal intime.
Gallant est un conte gothique, mystérieux et étrange. Le manoir habite le cœur central de l’histoire comme une entité vivante. À la manière des contes macabres d’Edgar Allan Poe, les différents protagonistes valsent constamment avec le spectre de la mort. Olivia Prior, jeune orpheline en quête d’une famille, m’a doucement entraîné dans son univers silencieux, mais vibrant. L’histoire est douce, belle et triste. L’autrice nous raconte cette œuvre avec une grande émotion et une part de suspense. La prose s’avère introspective, l’expression rayonne de poésie et de métaphore sans que cela devienne horrifique. En revanche, j’ai souvent eu l’impression de déambuler dans le manoir, sans jamais vraiment progresser dans l’histoire, laissant un parfum inachevé.